En 1460, Nicolas de Cues écrit le trilogue intitulé De possest pour conduire deux amis religieux vers la contemplation de Dieu à partir de l’énigme du visible. La création peut s’analyser avec les termes aristotéliciens de la puissance et de l’acte, mais Dieu est au-delà de cette opposition. Il est en acte tout ce qu’il peut être ; en lui, la puissance et l’acte sont identiques (§§. 1 à 13). Pour désigner cette propriété unique de Dieu, le Cusain forge le néologisme « possest », le pouvoir-est (§§. 14 à 17). Par cette condensation d’un infinitif et d’un indicatif, il désigne une sorte de coïncidence des opposés entre la puissance et l’acte. Afin de faire comprendre en quoi consiste l’éternité, il donne l’exemple de la toupie animée d’une vitesse infinie (§§. 18 à 23), puis il explique l’absolu du pouvoir-est (§§. 24 à 30). Il rappelle que, cependant, pour voir Dieu, il faut avoir la foi dans le Christ (§§. 31 à 39). Lorsqu’elle veut saisir la Trinité, la connaissance humaine est incertaine, comme on l’a vu avec la docte ignorance (§§. 40 à 53). Nicolas de Cues et ses deux amis, passent en revue plusieurs énigmes, à savoir des images qui peuvent conduire l’intellect vers le mystère divin : l’énigme des lettres (IN et E), l’énigme des figures géométriques comme la ligne infinie, le cercle, les polygones (§§. 54 à 61). L’ouvrage se termine sur la connaissance de l’être avant le non-être, ou remontée de la création vers Dieu (§§. 62 à 75).
Trialogus De Possest, texte latin, traduction et notes par P. Caye, D. Larre, P. Magnard, F. Vengeon, Paris, Vrin, 2006. "Le pouvoir-est", trad. Hervé Pasqua, PUF, coll. Epiméthée, 2014, ISBN : 978-2-13-062465-3 |