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Michel de Montaigne (1533-1592)
Montaigne a probablement lu les oeuvres de Nicolas de Cues, mais ne les cite jamais. Nous savons seulement, grâce au Journal de voyage en Italie, qu'il avait acheté à Venise les oeuvres du Cusain, puis, voulant y revenir, les a laissées à Padoue : il a laissé à Padoue, sur cest esperance, à un maistre François Bourges, françois, les oeuvres du Cardinal Cusan, qu'il avoit acheté à Venise. (Pléiade, p. 1185) N. de Cues est un lecteur et un critique de Sebond ; il est donc une médiation possible entre celui-ci et Montaigne. Aussi peut-on trouver des points communs entre le De Docta Ignorantia et l'Apologie de Raymond Sebond : la défiance envers la science quand elle sert l'orgueil de l'homme, l'éloge de la docte ignorance, l'aveu de notre impuissance à atteindre un savoir certain, l'ouverture de l'ignorance reconnue vers la foi chrétienne : C'est par l'entremise de nostre ignorance plus que de nostre science que nous sommes sçavans de ce divin sçavoir. (Les Essais, II, XII, Pléiade, p. 480) Mais ces points communs ne suffisent pas à établir une influence directe, d'autant que Nicolas de Cues n'a jamais fait profession de scepticisme.
Montaigne, Essais, II, XII, in Oeuvres complètes, Paris, nrf. Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1962. Villey, Pierre, Les sources et l'évolution des Essais de Montaigne, Paris, Hachette, 1908 (2de éd. 1933), tome 1, p. 122.
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