LEONARD DE VINCI (1452-1519)

 

Léonard de Vinci  faisait partie de ce que Vansteenberghe   appelle " la petite école cusienne " d'Italie qui retint plus la philosophie de N. de Cues que ses idées mathématiques. Duhem pense que L. de Vinci a profondément médité la question de la quadrature du cercle, comme N. de Cues, mais il n'a pu saisir aucun rapprochement notable entre leurs méthodes. En revanche, la philosophie mécanique ébauchée par Léonard serait une émanation de la métaphysique de Nicolas de Cues. A côté de quelques influences probables sur sa théorie cosmologique, sa théorie de l'impetus et sa théorie médicale, on peut repérer l'influence cusaine sur les transmutations géométriques. L. de Vinci reprend le même énoncé de problème dans des termes très voisins. La solution que donne L. de Vinci n'est cependant pas la même et suit les méthodes de Giorgio Valla. Quant à la quadrature du cercle, L. de Vinci ne fait que reprendre la proposition d'Archimède et ne dit rien des tentatives de N. de Cues. Que L. de Vinci ait lu N. de Cues, P. Duhem en voit aussi des indices probants sous forme de figures géométriques qui reprennent des idées du Cusain : le point commun aux lignes formant des angles dans un cercle, la spirale du jeu du globe. Mais en reprenant ces pensées, Léonard les transforme ; il garde ce qu'elles ont de géométrique et supprime tout ce par quoi elles se rattachent à la théologie ; il en efface avec soin le nom de Dieu. Après Duhem, Cassirer indique la filiation intellectuelle N. de Cues - L. de Vinci - Galilée. Commentant l'ouvrage de P. Duhem, A. Koyré critique son projet de faire de L. de Vinci le lien le plus important pour restaurer la continuité entre le Moyen Age et les temps modernes. Selon lui, bien qu'il ait pu lire les manuscrits de la fin du Moyen Age - et particulièrement ceux de N. de Cues -, L. de Vinci n'avait nul besoin de ces lectures pour connaître la tradition anti-aristotélicienne ; il pouvait fort bien la connaître par des ouvrages en langue vulgaire et par ses conversations avec les cusains de Milan.
On sait que L. de Vinci n'a pas fait école, que ses carnets ont été très vite dispersés. Aussi, quelle qu'ait été l'influence de N. de Cues sur ses travaux, celle-ci n'a pas pu se transmettre par la peu probable postérité de L. de Vinci.

VINCI, L. de, Carnets de Léonard de Vinci, Paris, Galllimard, 1942, Vol. I., pp. 642, 646, 659 et 666.

DUHEM, P., Etudes sur Léonard de Vinci, ceux qu'il a lus, ceux qui l'ont lu, Paris, Hermann, 1909, p. 100.
KOYRE, A., Etudes d'histoire de la pensée scientifique, Paris, Gallimard, 1973, p. 103.
VANSTEENBERGHE, Le cardinal Nicolas de Cues, éd Slatkine, 1974.(1ère éd, 1920), p. 448.