mesure (mensura)

L’analogie entre la connaissance et la vision pourrait faire croire à une passivité du sujet. Or, celui-ci agit aussi dans l’acte de connaître. Il mesure et, par là, explore le monde. S’appuyant sur une étymologie fausse, Nicolas de Cues considère que la pensée est mesurante : « Je conjecture que mens vient de mensurare. »  La pensée tirerait son nom de la mesure ; elle est mensuration, ce qui est volontairement équivoque : à la fois activité de mesure (mesurage) des choses, et règle d’appréciation des choses. Sans cesse, le Cusain joue de cette ambiguïté entre l'acte de mesurer et l'étalon de la mesure. Par exemple, en écrivant « l'homme est la mesure de toutes choses », il veut dire qu'il est à la fois celui qui les évalue et la référence de cette évaluation. « Etant posé que le mot pensée (mens) est tiré du mot « mesure » (mensura) de sorte que la raison de la mensuration soit cause de son nom, qu'entends-tu par « pensée » ? » La mesure est donc l’activité principale de la mens.

La pensée possède l’étalon avec lequel mesurer la vérité. Nicolas de  Cues compare aussi la pensée à un compas vivant qui mesurerait par lui-même toutes choses. « Cette pensée est vivante, de sorte qu'elle se mesure elle-même, comme si un compas vivant mesurait par lui-même. »

Apologia doctae ignorantiae, §§. 12, 15, 47

De docta ignorantia, §§. 45 à 47, 60, 61, 72

De coniecturis, §. 52

Complementum theologicum, §§. 7 à 14

De mente, §§. 57, 71, 123, 124, 157