Pouvoir-est (possest)

En 1460, Nicolas de Cues écrit le trilogue intitulé De possest pour conduire deux amis religieux vers la contemplation de Dieu à partir de l’énigme du visible. La création peut s’analyser avec les termes aristotéliciens de la puissance et de l’acte ; les créatures sont en puissance ou en acte, mais Dieu précède ces deux catégories et les réunit. Il est en acte tout ce qu’il peut être ; en lui, la puissance et l’acte sont identiques.

Pour désigner cette propriété unique de Dieu, le Cusain forge le néologisme « possest », le pouvoir-est : « Admettons que quelque expression signifie par une simple signification ce terme complexe de « pouvoir est », à savoir que le pouvoir lui-même est. Et parce que ce qui est est en acte, il s’ensuit que le pouvoir-être est dans la mesure où il est pouvoir-être en acte. Appelons-le, par exemple, « pouvoir-est » : possest. Assurément, toutes choses sont compliquées en lui et il est assez proche du nom de Dieu, selon le concept que l’homme en a. » (De possest, §. 14). Par cette condensation d’un infinitif et d’un indicatif, il désigne une sorte de coïncidence des opposés entre la puissance et l’acte.

De possest, §§. 14, 16, 24, 25, 27 à 30, 51, 57

De venatione sapientiae, §§. 34 à 38, 77, 104, 105