Vision intellectuelle

(visio intellectualis)

Grâce à la vision intellectuelle, l’intellect voit et découvre la vérité ; par exemple, il voit la nécessité d’existence d’un point recherché. Ce n’est pas une vision sensible et le Cusain serait bien en peine de situer et de dessiner exactement ce point sur une figure. C’est une vision sans figuration possible ; on peut la dire mais on ne peut pas la dessiner. C’est une vision au sens de saisie intellectuelle, ce que nous appelons aujourd’hui une intuition, une connaissance directe non démonstrative.

On retrouve l’acte noétique décrit par Platon : la remontée vers un principe unique et l’affirmation d’une existence grâce à ce principe. C’est proprement ce que l’on appelle « comprendre ». Mais à la différence de Platon, la remontée vers l’Un, chez le Cusain, ne consiste pas à quitter les mathématiques pour pratiquer la dialectique ; il leur applique l’opération noétique sans cesser de faire des mathématiques.

La vision intellectuelle est une vision totale de la vérité. Elle surmonte les oppositions, elle voit l’unité sous les différences. Elle est ce qui permet à l’intellect de franchir le chemin qui nous sépare de l’exactitude absolue, de connaître le reste laissé par les conjectures. En résumé, la vision intellectuelle est le degré le plus élevé de la vision (elle est au-dessus des sens et de la raison), elle est éclairée par la lumière de la vérité et elle est la connaissance suprême qui satisfait le désir universel de savoir. La vision intellectuelle sait voir l’enveloppement (complicatio) dans le minimum et le maximum. Elle a un accès à l’être qui va bien plus loin qu’une simple démonstration rationnelle.

De coniecturis, §§. 72, 105

De possest, §. 38

De ludo globi, §. 72