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Le point est l'image de l'unité dans la grandeur; il est la similitude de
l'un lui-même dans la quantité.
Le
point est le principe de l'indivisibilité intrinsèque aux grandeurs. Il est
l'indivisibilité communicable au continu; il est une limite. Il n'y a qu'un
seul point, car le point n'a pas de quantité. Rien n'est composé de points,
car un point ajouté à un point est un néant ajouté à un néant.
Le point enveloppe la ligne, comme l'unité enveloppe le nombre, c'est-à-dire
qu'il engendre la ligne. Il en est la perfection, la totalité et la limite.
Le point est la limite attribuée par la
à la ligne.
Le
point n'est pas l'atome. L'atome est la partie indivisible du continu. Le
point est en plusieurs atomes, de telle sorte qu'il se trouve en chacun
d'eux. Le point est partout dans le continu.
La théorie cusaine du point est inspirée de Proclus pour qui l’unité est
plus simple que le point et le précède, car le point est « l’unité qui prend
en plus une position ». A la différence du point, l’unité est sans position
puisqu’elle est immatérielle, exempte de toute dimension et de tout lieu,
alors que le point a une position. « Le point nous apporte en quelque sorte
l’image de l’Un. » Nicolas de Cues reprend cette simplicité de l’un : « L’un
ou monade est plus simple que le point. Car l’indivisibilité du point n’est
qu’une image de l’indivisibilité de l’un lui-même. » Il soutient la
supériorité de l’unité sur le point en faisant de celui-ci un développement
de l’unité dans le domaine de la quantité : « L’unité elle-même s’appelle un
point, par rapport à la quantité qui est le développement de l’unité, car
dans la quantité ne se trouve rien d’autre que le point. » Cependant, en
d’autres endroits, il semble abolir cette hiérarchie et sépare l’unité et le
point en en faisant à égalité deux principes de deux domaines différents,
l’unité étant le principe du nombre et le point étant le principe de la
grandeur : « Je pensais que le point enveloppe la ligne comme l’unité le
nombre, puisque partout dans la ligne ne se trouve que le point, comme dans
le nombre ne se trouve que l’unité. »
De
docta ignorantia,
§§. 105 à 107
De
mente, §§. 49, 116 à
121
Complementum theologicum,
§. 9
De
beryllo, §§. 21 à
23, 33, 53
De
ludo globi, §§. 9 à
11, 49, 84