La proportion est une similitude de raisons, autrement dit une égalité entre au moins deux rapports. Une proportion implique au moins quatre termes.

La proportio est, selon Nicolas de Cues, la clé essentielle de la recherche　: «　Toute recherche, par conséquent, procède par des comparaisons proportionnelles faciles ou difficiles. C’est pourquoi l’infini qui échappe en tant qu’infini à toute proportion est inconnu. Or la proportion qui exprime en même temps accord et altérité dans une chose unique, ne peut se comprendre sans le nombre. Dès lors, le nombre inclut tout ce qui est susceptible de proportions.　» Le domaine privilégié dans lequel se déploie la puissance de la proportion sera le domaine mathématique : «　Nous appelons symboliquement nombre le premier principié, parce que le nombre est le sujet de la proportion　; car il ne peut y avoir de proportion sans nombre. Et la proportion est le lieu de la forme　; sans une proportion adaptée et convenant à la forme, la forme ne peut se réfléter...　» La raison en est que Dieu lui-même l’a utilisée lors de la création　: «　Pour la création du monde, Dieu s’est servi de l’arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l’astronomie, arts dont nous faisons aussi usage quand nous recherchons les proportions des choses, des éléments et des mouvements.　» C’est pourquoi on la retrouve partout dans le monde : «　La proportion est le lieu du monde, ou la région de la forme, et la matière le lieu de la proportion.　» On ne saurait mieux affirmer l’analogie de l’être. Revenant sans cesse comme un leitmotiv, la disproportio est ce qui caractérise la relation du fini et de l’infini : «　Il est manifeste que de l’infini au fini, il n’y a pas de proportion.　»

De docta ignorantia, §§. 3, 9, 13, 93, 94, 155, 175, 187

De coniecturis, §. 76

De mente, §§. 63, 88, 92, 94, 98